CFDT Magazine

Valérie Barbe

« C’est une rue, c’est une place, c’est même tout un quartier… » Le dernier roman de Patrick Pécherot sonne comme une ritournelle « réaliste » : cette chère Arletty dirait « une gueule d’atmosphère ». La faute à qui ? D’abord à l’écriture, qui à coup de petites phrases courtes, efficaces et justes, installe le lecteur au cœur d’une petite musique intérieure et familière. Ensuite, aux personnages, particulièrement l’anti-héros de service, dont les faiblesses et les coups de gueule semblent tout droit sortis de nos existences. Moitié pote, moitié nous, il en est presque agaçant d’humanité, ce garçon. Il y a aussi le décor : les grandes grèves qui engluent, à la manière de celles de 1995, l cohorte des pauvres hères, le retour de l’hydre malfaisant habillé en rouge et brun, et les bistrots qui sentent l’éponge mal rincée et la rancœur…La vie, quoi ! En parallèle, il y a également des bombes qui pètent à la gueule de ceux que le samedi est dédié aux sacro-saintes courses. Et par là-dessus, l’urgence de débusquer un bouc émissaire qui se fait presque plaisir de répondre présent. Qu’importent ses travers ets es faits d’armes, absent au tirage de la grande loterie égalitaire, il a tout faux. Forcément. Et le tout ? Un vrai moment de bonheur, une grenade dégoupillée contre l’automne et l’hiver à la fois. Une seul mise en garde : Terminus nuit est une sérieuse invitation à l’insomnie.

© Valérie Barbe, CFDT Magazine



Page des librairies

Il fait froid, des bombes explosent dans Paris et bientôt, les transports publics se mettent en grève. Le décor est planté. Epoque qui évoque des souvenirs…Le Goff, dit « gros », pour « gros cul », est un militaire déserteur. Il fait penser à Lennie des Souris et des Hommes de Steinbeck : un être simple d’esprit, aux accès de violence déments, mais tout en tendresse. Autour de cet individu complexe, la violence urbaine se déchaîne et les attentas se poursuivent. Les flics s’emmêlent et se poursuivent. Pourquoi lui ? Est-il responsable de toutes ces bombes ? La police ne serait-elle pas, elle aussi, en train de disjoncter ? Que se passe-t-il ? Les coups partent, les mots fusent, tout se passe vite, très vite, dans le roman de Patrick Pécherot. Plus rien ne va, mais le narrateur, écrivain de romans pornos, tente de résoudre ces affaires et de tirer au clair les actions, pas toujours irréprochables, de la police.

© Page des libraires

Le Nouvel Observateur

Claire Julliard

Groc, le petit sous-officier, ne se fera plus torturer par son sergent-chef car il vient de l’assassiner. En fuite, il se retrouve au milieu d’un attentat à l’explosif. Dans la foule des blessés, il recueille une petite fille muette. La police l’assimile à un dangereux terroriste. Thomas Mecker, journaliste à la petite semaine pour une feuille de faits divers, s’engage dans une enquête qui va le mener au bout de la nuit. Un remarquable roman d’atmosphère. Patrick Pécherot, qui signe là son deuxième polar, peut revendiquer la double filiation de Léo Malet et de Didier Daeninckx.

© Claire Julliard, le Nouvel Observateur