Le Progrès

Fabrice Roussel

Combien sont-ils, dans le monde de la bande-dessinée, àse coltiner le réel ? Combien sont-il àlivrer une vision du monde, de la société, de la ville tels qu’ils se présentent ? A produire les images et la littérature qui participent àla construction méthodique, parcellaire, fragile, de la mémoire des hommes ? Pas tant que ça, finalement.

Jeff Pourquié et Patrick Pécherot appartiennent àce clan des « scruteurs  » de réel. Dans leur littérature, le monde est d’autant plus flou que le passé est amnésique. Un flou admirablement traduit par la technique de « couleur directe  » mise en Å“uvre par Jeff Pourquié qui mêle infographie et graphisme traditionnel. Prenez un homme privé d’avenir, tout juste sorti de prison par exemple. Un amnésique sans généalogie qui s’épuise àconstruire son projet. Et projetez-le dans un fait divers banalement sordide. Tout va alors très vite. L’espace, le temps et la vie s’accélèrent dans une brà»lure effrénée. Le présent se consume comme un feu de paille dans une froide torpeur.

Ce livre raconte une balade désenchantée, entre humour et polar. Bien plus que cela…Il éclaire au son blafard des lumières de la ville, la lente descente aux enfers d’un homme ordinaire. Et les enfers ont l’étrange météo des pays du nord de la France. Ils en ont la mélancolie éthylique d’un petit bar de quartier. Ils ont l’épaisse rougeur translucide des méduses. Ce livre éclaire de son flou artistique la froide clarté de la ville.

© Fabrice Roussel, Le Progrès



La Nouvelle République

Sorti de prison où il purgeait une peine après un hold-up, Marco Soudy revient chez lui, àToulouse, avec la mémoire en compote. Atteint d’amnésie partielle àla suite de son arrestation, il est sujet àd’étranges visions, d’où le titre de l’album dessiné par Jeff Pourquié sur un scénario de Patrick Pécherot, « Des méduses plein la tête  ». Ces visions conduiront Marco jusqu’en Belgique, àla recherche des répliques du fétiche Arumbaya, la célèbre statuette àl’oreille cassée, créée par Hergé, que convoitent également ses ex-partenaires.

Un road-movie désenchanté, entre humour et polar, réalisé par deux auteurs de la nouvelle génération.

© Pascal Vigneron, La Nouvelle République

La voix du Nord

Polar déjanté et SF grand cru.

La voix du Nord

Bo-Doï

…Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Cette première bande dessinée de Pécherot et Pourquié vaut le détour. Pécherot a écrit deux séries noires dont on discerne les couvertures au détour des cases) et le ton s’en ressent dans ses textes off. Quant au dessin de Pourquié, il est tout simplement envoà»tant…

© Bo-Doï