Séquence 1

J’ignore qui était Edmond Vuillat, pourtant nous l’avons tué. Il est étendu sur le sol en ciment d’un parking urbain. Près d’une Renault 16 identique à celle que conduisait Georges Pompidou, cigarette au bec. Sur la photo, sa silhouette évoque celle du président décédé quelques mois plus tôt mais il ne doit pas sa mort à la maladie qui a rongé le chef de l’Etat. Une balle d’un calibre respectable s’est frayé un chemin à travers sa poitrine pour la faire exploser. Le Parisien révèle qu’il profitait de sa pause déjeuner pour prendre, chez l’horloger bijoutier, livraison de la montre destinée à la première communion de sa fille.
La photographie est de qualité médiocre. Le papier journal et un réglage approximatif des rotatives l’ont noircie à l’excès. Ainsi exposé, Emond Vuillat ressemble aux cadavres interlopes dont l’hebdomadaire Détective fait ses choux gras. Pourtant, sa seule incursion dans l’univers du crime est photographique. C’est à une balle perdue qu’il doit sa présence à la rubrique des faits divers.
On imagine la scène. La détonation, le silence qui lui succède, la stupeur des témoins puis leurs cris qui ramènent à la réalité des vies foutues.
A une seconde près, Edmond Vuillat gagnait la rue puis la bijouterie. Ce n’était pas son jour. Il est sorti de voiture à l’instant précis où passait une dragée crachée par une arme que sa puissance a secoué de façon brutale.
« Qu’est-ce qu’il foutait là, ce connard ? » Le tireur n’aura pas trop d’une vie pour ressasser la question et se ronger l’âme. Parce qu’il en a une, tout de même. Une conscience, si on préfère. A voir le monde en noir, on écrirait qu’elle est professionnelle, sa conscience, qu’il s’en veut d’avoir salopé son boulot. Mais le flingueur n’est pas un tueur de métier, un de ces types froids et terriblement efficaces. Il a gagné de quoi occuper ses nuits blanches. Autant dire qu’il a décroché le pompon ! Et c’est autre chose que la queue du Mickey qu’il décrochait sur les chevaux de bois de son enfance.



Dans la presse

"Patrick Pécherot confirme une fois encore l’extrème élégance de sa plume", Alain Léauthier, Marianne
"Le maître du roman noir revisite sans concession le gangstérisme révolutionnaire des sevnties", Claire Julliard, L’Obs
"Les phrases dansent sous le feu nourri d’une poésie anthracite", Jean-Luc Manet, Livre Hebdo
"Roman de la jeunesse qui vieillit, de la culpabilité et du pardon, probablement son livre le plus émouvant", Didier Lamare, Hauts de Seine Magazine
"La plume sombre et magnifiquement balancée de Patrick Pécherot", Jean-Marc Wynants, Le Soir (Belgique)
"Rapide, brillant, amer, et soudain très émouvant", Olivier Van Vaerenbergh, Le Vif (Belgique)
"La langue est exceptionnelle, colorée, infiniment précise, vivante et dynamique...L’une des plus belles plumes du roman noir d’aujourd’hui", Michel Abescat, Télérama/France Inter
"Elegant et gouailleur, le roman entremêle cynisme et humour " Claire Nillus, CFDT Magazine
"Un roman tout en finesse, politique et presque poétique." Martine Laval, Le Matricule des Anges
"A 68 ans, Patrick Pécherot déploie toute sa virtuosité", Abel Mestre, Le Monde des Livres
"Un texte nostalgique, à l’écriture sombre ...La quête d’une rédemption impossible. Jérôme Caron, Alibi
"Un récit tendre qui avance vers une noire réalité", Jean-Pierre Barrel, Page
"Chronique nostalgique des années 70, ce touchant roman de Patrick Pécherot égrène les souvenirs de toute une génération éprise de politique, de liberté, de fraternité, de poésie, de musique et de rêves", Jean-Paul Guéry, Presse Océan
"Road trip désabusé, on suit Patrick Pécherot...partout dans ce pays des illusions autogestionnaires perdues", Lag, L’Alsace.
"Formidable voyage dans le temps...un roman plein de nostalgie où le présent a l’âcre goût des illusions perdues.", Philippe Blanchet, Rolling Stone
"Un très beau roman noir qui interroge l’engagement collectif, les revers du destin et le temps qui passe." Christine Ferniot, Télérama