par Jeff Pourquié

...Et réciproquement

Terminus Burma. C’est bien, non ? C’était un soir d’anniversaire. Jeff est arrivé avec son paquet sous le bras, enveloppé de papier kraft. Il avait son air de lutin farceur. Jeff ne parle jamais beaucoup mais c’est un marrant. Il lâche un mot, parfois, quand il dessine, la cigarette au bec, un Å“il àdemi fermé àcause de la fumée. Souvent, c’est un bout de truc qu’il a dans la tête. Peut-être ses petits Mickey lui parlent-ils, comme l’ange de la lessive St Marc dans Les méduses, notre première BD ? En tout cas, il leur répond. J’aime ces moments-là. Jeff avec son Å“il fermé, et son pinceau qui mouille la page blanche de couleurs liquides. Je l’imagine penché ainsi sur mon dessin d’anniversaire, un mot pour Tintin, un pour Burma. Il devait être drôlement fatigué d’avoir tant parlé. Pour se reposer, il a sifflé une bière, sà»rement. Une blanche, peut-être. Et puis, il a dà» scanner son travail et le mitonner àl’ordinateur. Il fait des choses incroyables avec son Mac. Même des hiéroglyphes dans les mails qu’il m’envoie.

  Jeff, je n’ai que des rectangles et des croix…Jeff, j’ai l’image mais pas le texte.
  T’as un problème avec ton PC, toi, hein ?

On a dit que nos BD étaient décalées, allez savoir pourquoi ?
Quand j’ai déballé son Terminus Burma, j’étais drôlement content d’être devenu un héros de papier. En me dessinant, Jeff m’avait placé dans un coin de sa tête, avec tous ses autres Mickey. Quelle sarabande ! A sa table de travail, il avait lâché un mot ou deux en réponse àce que je disais, dans son coin de tête. On avait dà» bien rigoler.