– Avec Belleville Barcelone, Patrick Pécherot signe son quatrième roman à la Série Noire. Passionné des textes de Léo Ferré et de Gaston Couté, il apprécie aussi les romanciers Jean Amila et Léo Malet. Et son écriture possède cette élégante facture d’Amila qui utilisait de façon mesurée un vocabulaire argotique du plus bel effet. De Léo Malet, dont il décrivait les débuts parisiens dans son précédent volume (Les Brouillards de la Butte, Grand prix de littérature policière 2002), Pécherot a retenu le décor parisien d’avant-guerre et mis en scène le romancier sous la forme d’un personnage proche de Nestor Burma : un certain Pipette, devenu Nestor, et qui travaille comme détective à Belleville pour l’agence Bohman. Un client aisé, Louis Beaupréau, demande à Nestor de retrouver sa fille Aude qui, séduite par Pietro Lema, ouvrier agitateur chez Bornibus, a disparu depuis une semaine. L’enquête est moins facile qu’il n’y paraît, et le détective va récolter de nombreux coups en tentant de retrouver la trace du séducteur…
Maniant avec bonheur les rebondissements de fin de chapitres Patrick Pécherot captive d’emblée son lecteur en mêlant à sa fiction un peu de l’Histoire des années 1930. Lorsque Nestor débute son enquête, le Front populaire vit ses dernières heures, et les suppôts de la Cagoule manifestent dans les rues en se livrant à des actes de vandalisme. Pendant ce temps, au-delà des frontières pyrénéennes, la guerre d’Espagne vit une phase tragique durant laquelle les règlements de compte entre les factions qui avaient gagné les élections se multiplient, laissant le champ libre aux fascistes. Alors Nestor se trouvera confronté à un tueur du KGB envoyé par les staliniens pour éliminer divers responsables jugés indésirables. Une reconstitution historique n’est jamais facile à réaliser. Celle-ci entraîne le lecteur à la découverte d’un Paris populaire qui n’existe plus et de faits historiques qui ont malheureusement existé.
© Claude Mesplède Options