Le Progrès

Patrice Gagnant

Belleville-Barcelone. Entre le faubourg populaire de Paris et la capitale catalane ravagée par la guerre civile espagnole, il existe finalement des liens très étroits en 1938. D’abord, la compagnie de navigation qui transporte les fusils destinés aux troupes républicaines en lutte contre les franquistes. Ensuite, un cadavre décapité, suivi de quelques assassinats pas du tout surréalistes. Pendant ce temps-là, un détective tout ce qu’il y a de plus privé enquête sur la disparition d’une jeune héritière. Sur son chemin, il va rencontrer un ami, André Breton, qui lui annonce que « la quête implique, par définition, le maximum d’aventures ». Et il va aussi découvrir avec Camus que le XXème siècle aura été « le siècle des révolutions trahies ».

Avec ce polar aussi passionnant que chaleureux, Patrick Pécherot ne brise aucun tabou. Simplement, il rappelle ici la tragédie d’une révolution assassinée autant par les staliniens que par les nazis.

© Patrice Gagnant Le Progrès



La Tribune de la Côte d’Azur

De la gouaille, du souffle, du style et du vrai polar, pur parigot. Un récit qui tient la route, même si elle est un peu tortueuse, la route qui conduit de Belleville à Barcelone, en passant par Moscou, en ce temps de Front popu, de trahisons, de luttes internes. Page d’histoire en solide toile de fond à la gloire des anars, ceux de gauche, que n’aime vraiment pas la Cagoule, pas plus que le P.C. Pourtant, l’affaire semblait tout bénef et fastoche pour le privé de l’agence Bohman. Retrouver une fille de famille partie avec son soupirant, beau gosse, italien, mais simple manœuvre, c’était de l’argent vite gagné. Quelques marrons plus loin, ça devient moins évident. Et ça va l’être de moins en moins. Une vraie toile d’araignée surréaliste. Ca tombe bien, André Breton soi-même est de la fête. Paris popu, ses bordels, ses spectacles, ses bistrots. On en redemande, du vrai polar à la française.

© L.T la Tribune de la Côte d’Azur

Options

Claude Mesplède

Avec Belleville Barcelone, Patrick Pécherot signe son quatrième roman à la Série Noire. Passionné des textes de Léo Ferré et de Gaston Couté, il apprécie aussi les romanciers Jean Amila et Léo Malet. Et son écriture possède cette élégante facture d’Amila qui utilisait de façon mesurée un vocabulaire argotique du plus bel effet. De Léo Malet, dont il décrivait les débuts parisiens dans son précédent volume (Les Brouillards de la Butte, Grand prix de littérature policière 2002), Pécherot a retenu le décor parisien d’avant-guerre et mis en scène le romancier sous la forme d’un personnage proche de Nestor Burma : un certain Pipette, devenu Nestor, et qui travaille comme détective à Belleville pour l’agence Bohman. Un client aisé, Louis Beaupréau, demande à Nestor de retrouver sa fille Aude qui, séduite par Pietro Lema, ouvrier agitateur chez Bornibus, a disparu depuis une semaine. L’enquête est moins facile qu’il n’y paraît, et le détective va récolter de nombreux coups en tentant de retrouver la trace du séducteur…

Maniant avec bonheur les rebondissements de fin de chapitres Patrick Pécherot captive d’emblée son lecteur en mêlant à sa fiction un peu de l’Histoire des années 1930. Lorsque Nestor débute son enquête, le Front populaire vit ses dernières heures, et les suppôts de la Cagoule manifestent dans les rues en se livrant à des actes de vandalisme. Pendant ce temps, au-delà des frontières pyrénéennes, la guerre d’Espagne vit une phase tragique durant laquelle les règlements de compte entre les factions qui avaient gagné les élections se multiplient, laissant le champ libre aux fascistes. Alors Nestor se trouvera confronté à un tueur du KGB envoyé par les staliniens pour éliminer divers responsables jugés indésirables. Une reconstitution historique n’est jamais facile à réaliser. Celle-ci entraîne le lecteur à la découverte d’un Paris populaire qui n’existe plus et de faits historiques qui ont malheureusement existé.

© Claude Mesplède Options

Télérama

Christine Ferniot

Paris, 1938. Le Front populaire vit ses derniers jours mais le détective Bohman installé à Belleville, n’y prête pas attention. Il enquête sur une jeunesse qui vient de disparaître avec son amoureux. Sa recherche va l’entraîner du côté de la guerre d’Espagne. Patrick P2cherot a l’écriture gourmande et gouailleuse, le sens de la description et de l’histoire. Avec lui, on croise André Breton, des prestidigitateurs, des fascistes mais, surtout, on respire le parfum des rues de Paris, entre la rue des Envierges et les pelouses des Buttes Chaumont.

© Christine Ferniot, Télérama (Rayon poche 8/2/2008)

La Dépêche du Midi

Paris, printemps 1938. Un privé est chargé de retrouver une jeune héritière tombée sous le charme d’un hidalgo suspect. Enquête d’apparence banale qui se révèle explosive dans une fin de guerre d’Espagne dynamitée par les agents de Moscou.
L’auteur renoue avec le Paname des années trente, ses zincs et ses music-halls, ses croque-morts fakirs (!) et ses poètes surréalistes (participation remarquée d’André Breton). Un polar d’atmosphère bien troussé, entre leçon d’histoire iconoclaste et scénario à la Prévert.

© La Dépêche du Midi

France-Soir

Delphine Peras

Belleville, 1938. Entre la fin du Front populaire en France et le début du pire en Europe, pas facile pour le privé Nestor de faire son boulot comme si de rien n’était. D’autant que sa dernière affaire, une fille à papa à retrouver coûte que coûte, le mène tout droit à un trafic d’armes lié à la guerre d’Espagne, sur fond de purges staliniennes et de nazisme triomphant.

Outre un scénario aux petits oignons, avec incise historique opportune, la plume gouailleuse de Pécherot (déjà remarqué pour ses Brouillards de la Butte) fait mouche et nous entraîne dans un Paris bien mal famé comme on n’en fait plus. Avec André Breton, Edith Piaf ou Jean Gabin en figurants plus vrais que nature. Un régal !

© Delphine Peras, France-Soir

Le Dauphiné

Michel Bellaton

Patrick Pécherot continue d’explorer avec tendresse le Paris populaire des années trente sur les traces de ses héros fétiches. Si son Nestor en rappelle un autre, c’est que toute ressemblance archétypale est ici volontaire. Loin du thriller psychologique, voilà un polar-hommage distancié, au ton sarcastique, où l’on croise André Breton et les ombres de Léon Trotski, Jean Gabin et Michel Simon. Mais en fond de décor, ce sont les spectres de Staline, Hitler et Mussolini qui s’agitent dangereusement.

© Michel Bellaton Le Dauphiné

Télérama

Martine Laval

D’abord il y a la gouaille, un parler parigot qui fleure bon les pavés de Belleville. Et puis il y a l’intrigue, ficelée comme un bon gigot, et un privé goguenard payé pour retrouver une fille à papa. Il tombe sur un os : la guerre d’Espagne, un trafic d’armes, Staline qui purge et les anars qui se paument. Faut dire qu’on est en 1938, et que ça branle de partout, y’a même un certain Hitler qui s’excite beaucoup. Macchabées par-ci, macchabées par-là et des personnages qui se nomment la môme Fréhel, André Breton ou Pépé le Moko, de son nom d’artiste Jean Gabin. En chute, un petit bréviaire très sérieux sur la guerre d’Espagne, pour ceux qui ne connaissent pas tout. Du nanan.

© Martine Laval, Télérama

CFDT Magazine

Isabelle Perrin

Paris 1938, le Front populaire vit ses derniers jours. En Europe, le péril monte. Hitler annexe l’Autriche et lorgne sur la Tchécoslovaquie. De l’autre côté des Pyrénées, la guerre d’Espagne fait rage. Nestor enquête à Belleville dans les milieux troubles où se croisent trafiquants d’armes staliniens, adeptes de la Cagoule et anars en débâcle. Après Les Brouillards de la Butte, (Grand prix de littérature policière en 2002), Patrick Pécherot replonge dans le Paris de l’entre-deux-guerres pour notre plus grand bonheur. Une intrigue où l’on croise Breton, Fréhel, le cadavre du secrétaire de Léon Trotski. Exquis. Le tout servi par une plume gouailleuse digne des plus grandes répliques d’Arletty

© Isabelle Perrin, CFDT Magazine

NVO

Yonnel Liégeois

Entre Paname et la capitale catalane, la route semblait dégagée pour le privé de l’agence Bohman chargé de retrouver une brebis égarée, la jeune Aude, riche héritière qui s’en est allée filer le parfait amour et défendre la République espagnole avec son amant, anarchiste et syndicaliste. C’est peu dire, donc, qu’en 1938, de règlements de compte en coups bas, la tâche se complique pour notre détective, entre suppôts du Duce, fans de Hitler, admirateurs de Staline et révolutionnaires patentés. Grand prix de littérature policière 2002 pour Les brouillards de la Butte, Patrick Pécherot poursuit sa saga « bellevilloise » en mêlant avec brio, humour et réalités socio-historiques, personnages réels comme l’écrivain Breton avec un croque-mort fakir de fiction, receleur d’armes au bénéfice des républicains. Surréaliste et captivant.

© Yonnel Liégeois, NVO

Syndicalisme-Hebdo

Luc Peillon

Nes n’a pas son pareil pour se faire bourre-pifer le tarin. Le macchabée étêté sur lequel le détective bellevillois enquête au péril de son groin va nous plonger dans le milieu parigot de la fin des années trente. Au cœur du conflit fratricide entre trotskistes et staliniens qui s’activent, au même moment, contre les troupes de Franco, en Espagne. Les règlements de compte ont lieu jusqu’à Paname où les petits meurtres entre frères ennemis de la cause prolétarienne n’ont rien à envier aux violences fascistes de la Cagoule ou des nazis. Belleville-Barcelone, ce quatrième polar de Patrick Pécherot, ancien rédacteur en chef de Syndicalisme-Hebdo, est une vraie réussite, un retour dans ce passé agité où l’on sent Paname comme si on y était, où les personnages prennent corps sous la plume aiguisée d’un auteur qui, en plus de la boire, a vraiment de la bouteille comme écrivain. Et une vraie place dans le monde du polar.

© Luc Peillon, Syndicalisme-Hebdo

La Quinzaine littéraire

Alain Joubert

…Un salaud mort reste un salaud et ne doit pas faire de la poussière, comme disait André Breton. Lequel vient d’opérer un retour par la bande grâce à Belleville-Barcelone, roman noir de Patrick Pécherot. Ce parigot qui sent bon le pavé a la gouaille facile et le rire goguenard. Il traite pourtant de choses graves, puisque nous sommes en 1938, durant la guerre d’Espagne, là où se joue un futur qui dure encore. P2cherot n’oublie pas que les staliniens assassinèrent alors la révolution libertaire en plein développement, favorisant cyniquement la pise du pouvoir par la réaction franquiste et tuant dans l’œuf l’espoir d’une autre liberté.
C’est là qu’intervient Breton. En utilisant les contacts d’un secrétaire de Trotski, Rudolph Klément, il se fait fort d’assurer le passage vers Barcelone d’un important stock d’armes destiné au Poum. A Paris, la Cagoule exécute les militants révolutionnaires pour le compte de Mussolini, et Clovis Trouille peint Mes funérailles. LE narrateur, un double de Léo Malet, fait vivre cette époque cruciale la plume à hauteur de canon, mais avec tendresse et fureur contenue. Ainsi, l’évocation d’une photo de Benjamin Péret, en pleine guerre civile, assis sous un porche, caressant d’une main un chat couché sur ses genoux, et tenant un fusil de l’autre ; « Tous les deux, ils avaient arrêté le temps », écrit Pécherot. Un amical conseil à l’auteur, cependant. C’est la deuxième fois, Après les Brouillards de la Butte, qu’il fait de Breton un personnage de fiction. Peut-être devrait-il arrêter.

© Alain Joubert, La Qunizaine littéraire

l’Alsace

Ici, gouaille à tous les étages ! De l’ambiance, du pittoresque, des histoires et de l’Histoire colorent le fort agréable Belleville-Barcelone, où l’on suit les pérégrinations de Nestor (aux allures de Burma) un privé de chez « Bohman, enquêtes, recherches et surveillance ». 1938, Nes (c’est presque Eliott !), « manœuvre de la filoche », navigue dans un populo (pimenté) de demi-sels, de perceurs de coffiots et traficoteurs. Lancé sur les traces d’une fille de famille, il doit ramener la damoiselle en son bourgeois bercail alors que son p’tit cœur en pince, non pour un seigneur, mais pour un prolo, étranger en plus. Le détective va goûter à la soupe à la grimace, et se retrouver plusieurs fois dans le potage. Un brouet aux nauséabonds relents de magouilles politiques.

Pécherot, d’une plume alerte, enlevée, nous tricote ça impec, dans un Paname garanti d’époque (il existait…un annuaire-guide des maisons de passe) et nous rappelle les crimes en Espagne, en proie à la guerre civile, des staliniens pour éliminer trotskistes et autres anars.

© J.B, l’Alsace

Le Monde

Gérard Meudal

L’atmosphère ! Voilà ce qui impressionne chez Patrick Pécherot, cette capacité à faire revivre une époque non seulement dans sa vérité historique, mais dans sa réalité sensible : son état d’esprit, ses bruits, ses odeurs, son langage…

Paris 1938, Nestor, qui n’a pas encore pris du service chez Léo Malet, se lance sur les traces d’une héritière et se retrouve mêlé à une affaire autrement complexe, où s’affrontent anars, communistes et cagoulards sur fond de guerre d’Espagne. C’est toute la poudrière européenne des années 30 qui est ici recréée avec toujours le même soin pour les seconds rôles, qu’il s’agisse d’André Breton, d’Yvette la Queue de Cerise, du détective ou même de Jo Privat. Aboutissement plutôt que suite des Brouillards de la Butte, qui avait obtenu le Grand prix de littérature policière 2002.

© Gérard Meudal, Le Monde des livres

Le Canard enchaîné

Dominique Durand

Les corps sans tête, on en trouve beaucoup dans les canaux de Paris. Mais en 1938, un corps à Belleville a pu oublier sa tête en Catalogne… Belleville-Barcelone, roman de Patrick Pécherot (Série Noire/Gallimard)

A la recherche d’Aude, une héritière entichée d’un bath’anar, Pietro Lema, le détective privé Nestor ne va pas moins remonter dans ses filets que la vieille Europe qui explose. Il retrouve son ami Corbeau - croque mort et illusionniste - qui, après avoir fait main basse sur un dépôt d’armes de la Cagoule, devrait les passer en Espagne pour le compte des Républicains et de Lema, mais les hommes de Staline commencent à charcuter les anars… Leur camp s’est pulvérisé comme celui des surréalistes, pense Nestor en revoyant André Breton de retour du Mexique. Breton, avec qui il avait fait le coup de feu dans le précédent bouquin de Pécherot (Les Brouillards de la Butte).

Chez Gopian, avant que son restau ne soit dévasté par les gars de Doriot, la TSF transmet une chanson d’Edith Piaf que nous n’avons jamais retrouvée sur nos disques : « moi Hitler, j’lai dans l’blair et j’peux pas l’renifler…Hitler, j’y balanc’rais ma godasse dans l’fouign’dé ; si t’es nazi, va t’faire piquouzer ! »

Après la disparition de Lema, André Breton veut bien essayer de se charger de faire passer les armes en Espagne. Si seulement Rudolf Klément (un des secrétaires de Trotski) était là ! Non seulement, le corps sans tête du canal, c’est peut-être celui de Klément, mais avec la démission de Blum, les douaniers du côté des Pyrénées ne seront plus aussi coulants.

Le nœud coulant dans lequel Nestor vient de découvrir un vieil ami communiste de Pietro Lema en dit assez sur les ravages du stalinisme, des amitiés brisées… Lema avait laissé des notes prises à Barcelone en 1937, où il a croisé Georges Orwell et aussi un certain Maxime, que l’on retrouvera bientôt du côté de la Villette, car il vient régénérer son sang pourri avec des globules de cheval…

Hitler vient de se goinfrer la Tchécoslovaquie. Breton organise un métingue avec Michel Simon, Maurice Baquet, du groupe Octobre, Louis Lecoin et la vieille Fréhel, bouffie mais toujours d’attaque, présentée et soutenue par le jeune Jo Privat, « le roi de la boîte à frissons »… Le grand avocat Vincent de Moro-Giafferi les aide comme il peut, quelque salopards défunctent promptement, et le Corback - chez qui Breton a trouvé une toile de Clovis Trouille, « Mes funérailles » - repart pour Barcelone, les flingots coincés dans de vrais cercueils, avec deux macchabées pour amadouer le gabelou.

La pétaudière arrive : nous ne sommes qu’en 1938, et Breton drague Yvette, la secrétaire du cabinet de détectives, en lui parlant de l’amour fou. Elle buvait ses paroles : « D’après la bouteille de raki, au bar, elle n’avait pas bu que ça. » On ne peut pas se plaindre de boire le petit lait de l’Histoire, avec Pécherot. Nous sommes prévenus : si dans son prochain roman, Nestor se collète avec 39-45, il faudra vider le bar….

© Dominique Durand (dessin de Kerleroux) Le Canard enchaîné

Amoureux des possibles

L’Humanité

Evelyne Peiller

...C’est bientôt Noël, on va essayer de ne pas complètement sombrer dans la mélancolie effarée, et se consoler un peu, ce qui, toujours, signifie reprendre des forces, en lisant Belleville-Barcelone. Ce n’est pas que ce polar brille par la franche gaîté, non plus que par un optimisme échevelé. Non. Mais il fait revivre la dignité intellectuelle, l’intégrité morale, le désir debout de changer le monde, de changer la vie. Même quand ce sont ceux qui crient « Vive la mort ! » qui gagnent. On est en 1938. Bientôt la fin du Front populaire. La Cagoule est en pleine forme. L’extrême droite fait ce qu’elle peut pour renverser la République. D’autres ne seraient pas tout à fait en désaccord - plutôt Hitler que le Front populaire. En Espagne, les Républicains sont en train de perdre. Le héros est détective privé, un genre de Nestor Burma dans la version qu’en avait donnée René Dary, un Parisien des faubourgs, gouailleur, rigolard, castagneur si besoin est, rien à voir avec l’ennuyeux Léo Malet, ce Nestor-là est rouge, et têtu, et rêveur, et il a pour amis un Arménien de Belleville, André Breton lui-même, un magicien dont la partenaire est une authentique voyante, entre autres, et il va se retrouver mêlé à de tristes et brutales histoires d’assassinats politiques, liés aux affrontements entre libertaires, trotskistes et communistes « orthodoxes », sur fond de guerre d’Espagne, et de déchirements entre Républicains, et de menées du NKVD. Évidemment, on est retourné, comme avec le Land of Freedom de Ken Loach. Mais il y a là des héros, des types normaux qui ont décidé de mettre en accord leurs idées et leurs actes, il y a la beauté des idéaux, malgré, malgré tout, il y a la vitalité du peuple, et l’invention permanente de la vie qui va, et l’oeil de Breton qui voit cette magie discrète et folle, et l’allant du récit, sourire en coin et détails frétillants, et c’est l’histoire d’une défaite, d’une tragédie, et pourtant, on est gaillards, on est un peu fêlés, mais amoureux des possibles, sans ignorance, sans facilité. Ce n’est pas un conte de Noël, mais c’est un cadeau, triste, vitalisant, embellissant.

© Evelyne Peiller, l’Humanité (21/12/2007)