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Alexande Fillon

L’appel de l’Histoire

Librement inspiré de la vie et l’œuvre de Léo Malet, Les brouillards de la Butte (Folio Policier) avaient valu à Patrick Pécherot le Grand Prix de littérature policière 2002. Après le Paris des années 1920, Pécherot pousse cette fois jusqu’aux troubles jours de juin 1940. La capitale n’est plus qu’un « flot grossissant » un « fleuve en crue » Les officiels s’enfuient, les ministères se vident, les gens se bousculent porte d’Orléans dans des Traction au coffre bouclé comme un coffre-fort. Premier détective à l’agence Bohman sise à Belleville, Nestor, lui, est vaillamment resté à quai. Promu « ange gardien » le voici attaché à la destinée d’une sommité médicale, ébranlée par la percée germanique. Pas pour longtemps car le professeur, un neuropsychiatre, choisit de mettre fin à ses jours d’un coup de seringue. A moins que quelqu’un ne l’ait aidé à devancer l’appel pendant le sommeil de Nestor…Le privé aux pieds plats se retrouve avec un cadavre sur les bras et l’interdiction formelle de quitter Paris avant la clôture de l’affaire. Dans une ville morte, ce ne sont plus que rideaux de fer baissés sur les boutiques, cadenas aux grilles, persiennes closes. Certains attendent les feldwebels en comptant les heures. Lorsqu’il entend parler d’un mystérieux train venu de l’Oise dont les voyageurs semblent avoir vu le diable, le héros de Pécherot ne va pas résister à l’appel de l’Histoire. Il dérobe son vélo à un malheureux facteur - à la guerre comme à la guerre !- et pédale jusqu’à Chartres. Arrivé à destination, Nestor fera la connaissance d’un certain Jean Moulin… « Roman d’enquête » tenant toutes ses promesses, Boulevard des Branque emballe avec son atmosphère surannée, son style gouailleur qui fait la part belle à l’argot, son intrigue rondement menée.

© Alexande Fillon, Lire