France 5

Georges-André Vuaroqueaux

 Valentin Moineau passe son temps dans les nuages, à s’inventer des histoires. Régulièrement insulté et frappé par les trois terreurs de la classe, il se raccroche à ses rêveries et à l’amitié de Léa. Il vit avec sa mère, depuis que son père s’est noyé dans le canal. Un jour, une enseignante leur donne un travail sur leur arbre généalogique. Valentin s’imagine déjà descendant de corsaires et de trappeurs. Fouillant dans une vieille cantine, il découvre que son père avait commencé les recherches. Sous le nom de Jules Bathias, l’arrière arrière-grand-père de Valentin, un point d’interrogation rouge est dessiné. Entre théories farfelues et documents officiels, le jeune garçon reconstitue le destin de son ancêtre. Jules Bathias, victime d’un complot, a été emprisonné pour vol. Lorsque la guerre éclate, il préfère devenir soldat plutôt que de mourir en prison. Mais sur le front non plus, Bathias n’est pas le bienvenu. Valentin Moineau dévoile au grand jour les affaires étouffées, les secrets de famille, les chantages, et fait voler le jeu des apparences en éclats.
Roman à la fois policier, historique et réaliste, L’affaire Jules Bathias tient le lecteur en haleine. On suite les recherches et les découvertes du héros pas à pas, en comprenant avec lui les enjeux de l’affaire. Les rouages de l’enquête sont malgré tout un peu trop appuyés et artificiels, ainsi que le rôle des adjuvants : la sœur de Léa journaliste, la tante de Valentin qui travaille au Ministère de la Justice… Cependant, les personnages ont une réelle épaisseur, notamment Fernande, surnommée la Marine, femme forte au cœur tendre. Seuls les trois voyous sont un peu caricaturaux. Bien que l’intrigue soit basée sur le recueil de témoignages et la recherche de documents, le roman a également une dimension actuelle : les non-dits d’un village qui ne veut pas remuer le passé, la cruauté des enfants entre eux, la violence sourde. En réhabilitant son aïeul, et en reprenant les recherches de son père, Valentin affirme sa propre identité
Un bon petit roman noir sans prétention et qui fait réfléchir. Dommage que la couverture ne soit, à mon avis, pas à la hauteur.

© Georges-André Vuaroqueaux France 5.fr