« C’est une rue, c’est une place, c’est même tout un quartier… » Le dernier roman de Patrick Pécherot sonne comme une ritournelle « réaliste » : cette chère Arletty dirait « une gueule d’atmosphère ». La faute à qui ? D’abord à l’écriture, qui à coup de petites phrases courtes, efficaces et justes, installe le lecteur au cœur d’une petite musique intérieure et familière. Ensuite, aux personnages, particulièrement l’anti-héros de service, dont les faiblesses et les coups de gueule semblent tout droit sortis de nos existences. Moitié pote, moitié nous, il en est presque agaçant d’humanité, ce garçon. Il y a aussi le décor : les grandes grèves qui engluent, à la manière de celles de 1995, l cohorte des pauvres hères, le retour de l’hydre malfaisant habillé en rouge et brun, et les bistrots qui sentent l’éponge mal rincée et la rancœur…La vie, quoi ! En parallèle, il y a également des bombes qui pètent à la gueule de ceux que le samedi est dédié aux sacro-saintes courses. Et par là-dessus, l’urgence de débusquer un bouc émissaire qui se fait presque plaisir de répondre présent. Qu’importent ses travers ets es faits d’armes, absent au tirage de la grande loterie égalitaire, il a tout faux. Forcément. Et le tout ? Un vrai moment de bonheur, une grenade dégoupillée contre l’automne et l’hiver à la fois. Une seul mise en garde : Terminus nuit est une sérieuse invitation à l’insomnie.
© Valérie Barbe, CFDT Magazine