interview

" La subjectivité est le propre du romancier "

Propos recueillis par Joëlle Chevé pour le magazine Historia

Parmi les romanciers qui ont écrit sur la Grande Guerre quelle est votre singularité ?

Si j’en possède une, peut-être réside-t-elle dans un travail d’écriture à la frontière de deux formes littéraires, du moins pour qui aime à classifier. La littérature de genre et la littérature « générale ». Mêler le noir et le blanc apporte une grande liberté et évite de s’enfermer dans un cadre établi.

Qu’est-ce qu’ajoute à la fiction historique la fiction policière ?

Je suis plus proche du roman noir que de la fiction à énigme. Il apporte une couleur, un ton particulier, une musique, un regard. Quant à la dimension « policière », à condition de ne pas y réduire le récit, elle permet d’aller voir « les choses derrière les choses », pour paraphraser Mac Orlan.

De quelle façon travaillez-vous pour évoquer avec autant de « réalisme » les modes de penser et de parler des poilus de 14 comme de leurs officiers ?

Je fais un usage modéré de la documentation, elle peut vite vous étouffer. Je ne l’utilise qu’à des fins de vérification post écriture. Je préfère travailler comme un médium. Je m’imprègne d’images : toiles, photos, dessins, objets... Leur contemplation crée un état réceptif qui permet de sortir de soi pour entrer dans ses personnages, de ressentir leurs émotions, de faire écho à leur pensée. De traduire des atmosphères. C’est très subjectif, je le reconnais, mais la subjectivité est le propre du roman.