-Madame Figaro

Christian Gonzalez

Ils sont quatre, des au-bout-du-rouleau qu’un mauvais hasard de bistrot a réunis, des apprentis malfaisants qui se sont fourrés dans le crâne d’attaquer un fourgon blindé. Et, bien sur, ces braqueurs à la petite semaine s’imaginent avoir tout prévu parce que c’est toujours comme ça avec les demi-sels. Il y a Félix, que la vie a mis sur le flanc et qui vient d’hériter de son défunt tonton une baraque décrépie dans une banlieue quasi sinistrée. Et encore Simon, truand à idées mirifiques mais carrément sur le retour ; Zamponi, artisan criblé de dettes et de désillusions, et Brandon, rappeur bas de plafond. Pour mieux guetter le fourgon, ils font mine de retaper la maison. Comment auraient-ils pu supputer une grève des convoyeurs ? Sauf que, bien sûr, quand la scoumoune vous colle depuis toujours aux basques, il ne faudrait jamais miser sur la moindre embellie...Le dérisoire et pathétique crépuscule de ses minus piégés dans un décor fantomatique, Patrick Pécherot le raconte avec une verve anarchiste irrésistible, un sens de la formule qui crépite et une ironie non exempte de tendresse. Il y a aussi la nostalgie qui n’en finit pas de pointer l’oreille pour mieux laisser entendre que, sans en avoir l’air, il suffit d’un rien, à l’instant où l’on baisse la garde, pour se fourvoyer dans les impasses de la vie. Un roman superbe où l’espoir s’effiloche comme une promesse sans cesse trahie.

© Christian Gonzalez, Madame Figaro