Bande à part
André Soudy était un garçon fragile. Vaguement anarchiste, tuberculeux, craignant les frimas. « II fait froid, au revoir » furent ses dernières paroles, avant que le bourreau ne lui tranche la tête devant la prison de la Santé. Nous sommes en avril 1913. C’est le printemps. L’Homme à la carabine décrit la brève existence du plus jeune membre de la bande à Bonnot. Ce mélange disparate de gueux en goguette, d’anarchistes sincères et de marginaux délinquants défraya la chronique entre 1911 et 1912. En de courts chapitres épurés, esquisses habilement et brutalement juxtaposées, l’auteur trace avec brio le portrait de ce chien fou mélancolique embarqué dans de meurtrières et trépidantes
aventures. Ces « bandits tragiques » braquaient en
Delaunay, déjeunaient chez Chartier, tuaient les sergents
de ville. Il fallut les raccourcir ou les cribler de balles. Se jouant de la chronologie, de la Belle
Epoque à nos jours, l’auteur évoque Arletty, Brassens, Malet, chroniqueurs et témoins des quais et des brumes,
de la délinquance et de l’insoumission, de la misère et
de la déréliction. Il grave à l’acide et sans complaisance le portrait d’un desperado, « déserteur d’un monde en déroute ».
© Paulin Césari, Le Figaro Magazine