Cétait la bande à Bonnot...
Pour revivre le début du siècle dans les milieux pauvres et anars.
Jules Bonnot, sa bande d’anarchistes et de traîne-savates, ont inventé l’attaque de banques en automobile. Dans les années 1911 et 1912, ils ont semé la terreur à
Pans et dans les environs. Le hold-up accompli et le caissier récalcitrant abattu - « ils donnent la mort comme on rend la monnaie » - ils s’engouffraient dans la De Dion ou la Delaunay-Belleville volée la veille. Sur leurs vélos, les flics pouvaient toujours chercher à les rattraper Les survivants de la bande furent arrêtés et jugés en avril 1913. Parmi eux, celui que les journaux appelaient « l’homme à la carabine », André Soudy, pauvre gosse paumé qui, à 23 ans, crachait ses poumons dans son mouchoir pendant qu’ il tenait son arme de l’autre main. C’est son portrait, sous-titré
"Esquisse", que nous brosse Patrick Pécherot, auteur de romans policiers. Maîs il ne s’agit ni d’une biographie, ni d’un polar. À partir de quelques traces - les photos anthropométriques, les coupures de presse - Pécherot nous livre dans le désordre chronologique une succession de scènes savoureuses. La langue est superbe, rythmée et vivante, celle des truands et policiers de l’époque. II fait revivre les milieux anarchistes, le Paris populaire et la misère de la zone du début du siècle. Le récit des aventures de la bande alterne avec les monologues d’André Soudy, vrais modèles du genre où l’on retrouve l’influence de Céline, d’Audiard et de Sallinger. Voilà une maniere originale et talentueuse de romancer l’histoire.
© Pierre Cornut-Gentille, Service Littéraire