Comme on les aime

Le coup de cÅ“ur de Jean-Marc Laherrère, Actu du noir et librairie Ombres blanches (Toulouse) :

Une fois n’est pas coutume, voilàune histoire qui a commencé de façon pour le moins originale … On a l’habitude de lire, au dos de pas mal de polars publiés en France « traduit de l’américain par …  » ou « traduit de l’anglais (Etats-Unis) par …  ». Sachez que le recueil Paris Noir, collecté par Aurélien Masson (patron de la Série Noire), a été publié dans un premier temps aux US, « translated from French by …  ». L’idée d’un petit éditeur new-yorkais : faire le portrait de grandes villes du monde au travers de nouvelles noires écrites par des auteurs locaux. Ils sont douze às’y être collé. Douze nouvelles, douze styles, douze coins de Paris, douze belles histoires.
Comme de juste dans un tel recueil, chacun aura ses chouchous. J’ai pour ma part une préférence pour
Le chinois de Chantal Pelletier, monologue absolument réjouissant qui voit, pour une fois, une femme dans le rôle du méchant. Vision décalée, humour bien noir et bien vachard, folie assumée … Je me suis bien amusée, mais certainement pas autant qu’elle en l’écrivant.
Le grand frère de Salim Bachi qui nous amène joliment, insensiblement, vers une chute qu’on n’a absolument pas vu venir et qui arrive àfaire partager son amour de Paris et sa connaissance profonde de son histoire et de sa culture sans jamais être pédant ou didactique.
La vengeance des loufiats de l’inévitable Jean-Bernard Pouy qui, non content de faire du Pouy (cette écriture d’une confondante « facilité  » qui doit en énerver plus d’un) a réussi àme sécher sur sa dernière phrase, dans la grande tradition des nouvelles àchute.
Mémoire morte de Patrick Pécherot pour la façon sensible et originale qu’il a trouvée de revenir sur une période particulièrement sombre de notre histoire. Et aussi parce qu’il arrive parfaitement àintriguer le lecteur, àle laisser en suspens, avant de le mener làoù il voulait.
Et pour finir Précieuse de DOA (je sais le titre original est en russe, avec caractères cyrilliques et tout, mais j’ai la flemme …). Pour l’efficacité de l’écriture, la justesse du ton, le rythme, la jolie conclusion bien immorale […]
Au résultat, un Paris bien noir, comme on les aime.