Avec Patrick Pécherot, on a pris l’habitude de se promener dans l’histoire. Pas forcément la grande, la majuscule, plutôt celle des insurgés, des coins de rue, des petites gens. L’auteur de Tranchecaille et des Brouillards de la Butte a la mémoire longue, il aime les traces sur le pavé, les clichés sépia et des écrivains comme Jean Meckert ou Léo Malet dont il rappelle l’importance. Aujourd’hui, il l’avoue clairement dans son nouveau livre, Une plaie ouverte, il affectionne également le western et provoque la rencontre d’un Communard de 1871 avec l’Amérique de Buffalo Bill, Calamity Jane et le Wild West Show. On file ainsi, avec un certain Valentin Dana et son ancien ami Marceau, des faubourgs parisiens aux routes du Dakota du Sud en compagnie d’une poignée d’indiens habillés pour une cérémonie. Une plaie ouverte n’est pas un roman historique, ni une enquête ou un voyage, mais un peu tout cela. On y croise un enquêteur de l’agence Pinkerton, les otages de la rue Haxo, des barricades, des femmes qui tirent à la carabine, d’autres qui pleurent leur fils perdu. On y voit le peintre Courbet, Verlaine et l’ombre de Gérard de Nerval mais aussi des personnages imaginaires fouillant le passé en quête de leur jeunesse et de leurs idéaux. Pas de nostalgie dans ce beau livre mais une mélancolie douce comme une chanson, celle du Temps des Cerises, qu’on fredonne inconsciemment.
Christine Ferniot