L’histoire commence en 1905 aux États-Unis. L’agence de détectives Pinkerton a chargé l’agent Velmont de retrouver Dana, un Français exilé aux Amériques depuis de nombreuses années. Le dossier est vide, les renseignements dérisoires et les indices insignifiants. Sa seule piste se réduit à un vague soupçon de son passage au Wild West Show, sorte de spectacle itinérant qui retrace les péripéties de la conquête de l’Ouest. Sur les traces de Dana, Velmont côtoiera quelques personnages du Far West tels que Buffalo Bill, le tueur de bisons, la peu vertueuse Calamity Jane, et quelques autres tout aussi célèbres. Mais Dana restera introuvable. En réalité, l’histoire commence une trentaine d’années plus tôt, en 1871. Après la chute de Paris assiégé par les armées prussiennes, la résistance s’organise et l’insurrection de la population parisienne aboutira à la proclamation de la Commune de Paris. C’est dans cette effervescence anarchique qu’on fait connaissance avec le casting d’enfer de ce polar atypique. Outre Dana et son compagnon de barricades Marceau, on va croiser Jules Vallès, Verlaine, Louise Michel, Pathé, Courbet et Manon, son modèle qui aurait posé pour son tableau L’Origine du monde, et d’autres, beaucoup d’autres. L’histoire se termine avec l’arrivée à Paris du Wild West Show, et se conclut par un coup de théâtre déstabilisant. La boucle est bouclée. À cette époque de reniements idéologiques, une piqûre de rappel salutaire sur l’histoire de la Commune et son idéalisme ; le temps des cerises ne dure pas longtemps, mais il revient tous les ans.
François Estrada