CFDT Magazine.

Didier Blain

 Montmartre, années 20. La Bohème s’épanouit dans un parfum de liberté. Certains cherchent fortune autour du Chat noir, comme dans la chanson. D’autres, tels le narrateur âgé de dix-huit ans , exercent leur talent de rimailleurs à La Vache enragée, le cabaret de Maurice Hallé. Poète en herbe, anarchiste, le héros, surnommé Pipette à cause de sa bouffarde, fait des petits boulots pour survivre. Crieur de journaux, laveurs de bouteilles et même nettoyeurs de cadavres à la morgue. Les morts, c’est pourtant pas sa tasse de thé. Surtout quand, au cours d’une cambriole avec ses deux acolytes, il découvre un cadavre en décomposition dans un coffre fort de l’avenue Junot. Ce macchabée ne lui est pas inconnu. Le voilà parti pour une enquête pleine de surprises. Au passage, il croisera un certain André Breton, qui l’initie à l’écriture automatique. Les silhouettes de Louis Lecoin ou de la Goulue hantent également ce livre passionnant. Mais c’est surtout dans le sillage de Léo Malet que ce polar nous entraîne. La jeunesse du père de Nestor Burma a, en effet, inspiré le personnage principal. Le roman de Pécherot s’inscrit lui-même à la suite de la série inachevée des « Nouveaux Mystères de Paris » d’après un projet ébauché par Malet. Le résultat est à la hauteur des meilleurs romans de cet écrivain devenu mythique. Un pur bonheur de lecture.

© Didier Blain, CFDT Magazine.