Juin 1940, dans un Paris vidé par l’exode, Nestor, détective à l’agence Bohman veille sur un psychiatre dépressif. Mais le métier d’ange gardien n’est pas une sinécure. Surtout en temps de guerre. Comme des rats alléchés par la mort, une faune sinistre s’apprête à envahir la capitale. Truands, nazis, collabos … Quand l’or se mêle au plomb, la folie s’en donne à cœur joie et brouille tous les repères.
Existe-t-il un lien entre le suicide d’un savant, l’appel au secours d’un inconnu et les fantômes de la guerre d’Espagne ? Quel secret un antifasciste allemand devenu aphasique peut-il détenir ? Pourquoi de faux policiers s’attachent-ils à ses pas ? Que cachent les hauts murs des asiles d’aliénés ?
Pour le savoir, Nestor manquera de perdre la raison. Cette année là, c’était bien la dernière chose à faire.
Après les Brouillards de la Butte et Belleville Barcelone, la nouvelle enquête du privé « de chez Bohman » explore le Paris sombre de la collaboration naissante.
– Ce matin, c’est le silence qui m’a réveillé. Un silence vide. Sans ces bruits minuscules auxquels on ne fait plus gaffe à force de les connaître. Aucun écho de chasse d’eau lointain, pas un craquement de parquet, nulle voix de femme pour chantonner en moulinant le café. Pas de café, du reste. C’était un silence sans odeur. Etrange jusque dans le sommeil. Vaguement oppressant. Et suffoquant en bout de course. L’absence de tout, ça pèse. A vous en étouffer. Comme un poids mort qu’on aurait sur la poitrine. Un silence pareil, c’était pire qu’une noyade. Je me souviens d’avoir cherché de l’air. Mon cœur s’est décroché et j’ai ouvert les yeux.
Mon palpitant cognait contre mes côtes. Dans mes artères la pression jouait la pompe à bière. Mon pouls tressautait comme un lézard épileptique. Mais le silence était intact. Un bloc, avec rien pour l’entamer...
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Interview express