L’affaire Jules Bathias

- 2007 -


L’affaire Jules Bathias

L’affaire Jules Bathias, éditions Larousse, collection les Classsiques de demain a été publié en août 2017. La première édition était parue en 2006 aux éditions Syros. Il s’adresse aux jeunes lecteurs (à partir de douze ans)

Il a été sélectionné pour le prix des Incorruptibles, le prix Chronos et le prix des lecteurs la ville du Mans.

Mots clés :

Enquête, filiation, complot, bouc émissaire, pouvoir, erreur judiciaire, première guerre mondiale...

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Doux et rêveur, Valentin Moineau supporte sans broncher les brimades à répétition de trois de ses camarades de classe. Pour s’évader et combler le vide causé par la mort de son père, le garçon s’invente des ancêtres héroïques, trappeurs, chercheurs d’or ou pirates… À l’occasion d’un travail scolaire, Valentin se penche sur l’arbre généalogique paternel. Sous la photo sépia d’un soldat moustachu, un point d’interrogation, tracé en rouge, attire son attention. Quels secrets entourent la vie et la mort, en novembre 1917, de Jules Bathias, son arrière-arrière-grand-père ? Voleur ou bouc émissaire ? Héros ou déserteur ? Autour de Valentin, personne ne semble avoir envie de rouvrir l’affaire Jules Bathias.

couverture de Jacques Ferrandez pour l’édition Syros
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Séquence 1

"- À l’abordage !

Le vaisseau était sorti de la brume comme un navire fantôme. Tout le jour, il les avait suivis, tirant des bords pour réduire sa distance. C’est l’homme de quart qui l’avait aperçu, juché dans les haubans. L’aube jetait ses feux pâles sur la mer.

Vers dix heures, le capitaine ressentit les premiers signes d’inquiétude. Dans sa longue-vue, le trois-mâts grossissait. Deux heures plus tard, la tension avait gagné l’équipage. Le vaisseau suivait leur route.

La Belle Dieppoise naviguait au plus près, voiles bordées à craquer. Mais ses cales pleines la ralentissaient. Dans son sillage, le bâtiment se rapprochait, menaçant. Enfin, on put lire son nom dans la lunette. L’Achéron. Le plus redoutable écumeur que les mers aient porté. Mille fois promis à la potence, aussi insaisissable que le vent du large. Quand il ne fut qu’à quelques encablures, le pirate hissa le pavillon noir. Le Jolly Roger à tête de mort sur ses deux tibias croisés.
Sur La Dieppoise, ce ne fut qu’un cri.

- Trop mortel !

- Pardon ?

Au tableau, madame Trouchain est interloquée. Qu’on somnole pendant ses cours, c’est insupportable. Mais qu’on rêve tout haut, là, ça dépasse l’entendement. Elle est déjà bien bonne de leur dévoiler les beautés du français pour un traitement à la petite semaine. Mais faire la classe à des somnambules, non ! Une bouffée de malaise enseignant la submerge. Elle claque le crayon Velleda dans son support métallique. Le trois-mâts vient de sombrer.

- Encore vous, Moineau ! Naturellement !

En bonne logique, un mauvais élève baisse le front. Comme au ciné, le traître a l’air fourbe, l’héroïne éthérée et le coupable repentant, la mine contrite. Mais voilà, la logique et Moineau, ça fait deux. Il lève le nez comme au sortir du sommeil. La goutte d’énervement qui fait déborder le vase.

- Qu’est-ce que vous cachez, cette fois ?

Elle a de grandes jambes, madame Trouchain, et des pieds taillés pareil. Ça lui donne un sacré avantage pour aller d’un point à un autre. Surtout en ligne droite, qui est le plus court chemin. Elle alpague le trésor de Moineau. Une feuille de papier Canson déguisée parchemin, avec sa frise tarabiscotée et ses coins brûlés pour faire ancien :

- Arbre généalogique… année 1523… Les aventures de… Barberousse… ? Il ne manquait plus que ça ! Monsieur Moineau a des ancêtres corsaires !

- Pirates, m’dame.

- Comment ?

Encore une chose qu’elle n’aime pas, madame Trouchain, la contradiction.

- Les corsaires et les pirates, c’est pas pareil.

Elle aurait dû se méfier avant d’accepter ce poste. Classe tranquille, on lui avait dit. Une aire de repos avant la retraite. Il avait fallu qu’elle tombe sur Moineau… Valentin de son prénom. Un galet. Lisse, sans une aspérité. Pas méchant, ça non. Insolent, encore moins si c’est possible. Contrariant, pas davantage. Alors ? Ailleurs, simplement. C’est presque pire. L’ailleurs est désarmant. Inquiétant, parfois, comme une planète lointaine, une quatrième dimension. Voilà, Moineau est un oiseau de l’ailleurs."

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