Les Brouillards de la Butte

- 2006 - 2001 -

On n’oublie jamais son premier cadavre. Celui-là, je me souviens comme si c’était hier. Faut dire qu’on ne croise pas tous les jours sur son chemin André Breton, une bande d’illégalistes, Sacco et Vanzetti, un club de marchands de canons... Mais àMontmartre en ce temps-là, c’est pas des lilas qui fleurissaient sous mes fenêtres. Plà»tôt les fleurs du mal. Ou les chrysanthèmes.



Séquence 1

« Le type qui me faisait face me fixait sans me voir. Le discret sourire qui flottait sur ses lèvres lui donnait une expression de stupeur amusée. Peut-être une pensée légère avait-elle traversé son esprit. A moins que ce ne soit l’incongruité de la situation. Sait-on ce qui peut vous passer par la tête dans de tels moments ? En tout cas, il devait être d’un naturel aimable. Moi, àsa place…Mais j’aimais mieux ne pas y être, àsa place, parce que l’homme qui me regardait avec tant d’insistance était mort, et bien mort.

- Merde !

Leboeuf ne parlait pas souvent, mais il venait de résumer ce que nous pensions tous les quatre.
Cottet a levé sa lampe, sous la lueur dansante, le cadavre avait l’air de se foutre de nous. Il pouvait. Ce n’est pas tous les jours que quatre malfrats tombaient sur un macchabée en ouvrant un coffre-fort.
Dehors, le vent redoublait. En hurlant, il s’engouffrait sous la porte. J’ai reculé d’un bond.

- Il a bougé !  »

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